Article paru dans Hebdo Magazine à propos de l'ouvrage de Dr Sami Richa,

Friday November the 20th 2015 at 12:00 AM

"La psychiatrie au Liban, une histoire et un regard" est l’ouvrage signé par le Dr Sami Richa, chef de service de psychiatrie à l’Hôtel-Dieu de France, dans le cadre du Salon du livre francophone de Beyrouth.

Paru aux éditions Dergham, l’ouvrage met en lumière une profession qui a toujours travaillé dans la discrétion.

Quel est le but de l’ouvrage?

Le but de mon ouvrage est de mettre en valeur une histoire de la psychiatrie dans notre pays depuis l’ouverture, en 1900, de ce qu’on appelait «asfourieh». Il comble un vide dans ce domaine puisque nos institutions psychiatriques et nos médecins ont fait un travail remarquable en silence, celui d’aider des milliers et des milliers de personnes en souffrance. J’essaie de sortir de l’ombre cette belle profession, qui est si humaine, et de mettre en valeur l’apport de nos hôpitaux et de nos aînés. Au détour, j’esquisse, tout au long de ce livre, la condition des malades souffrant de troubles mentaux et j’essaie d’envoyer des messages dans tous les sens pour que le lecteur sache l’admirable aventure qui s’installe entre un malade et son médecin et l’hôpital qui l’aide à sortir de son désarroi.

Quels sont les principaux sujets abordés?

Le livre se divise en deux temps. La première partie, la plus étoffée, parle des institutions asilaires, des hôpitaux psychiatriques, des médecins qui travaillaient dans ces institutions et hôpitaux, des travailleurs sociaux et psychologues, de l’apport de l’Université Saint-Joseph, apport déterminant dans la formation des psychiatres libanais, de la Société libanaise de psychiatrie, ainsi que des psychiatres libanais ayant brillé en dehors de notre pays. La Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph a été ainsi la première et, depuis les années 80, à mettre en place une formation postdoctorale en psychiatrie qui s’étale sur cinq ans après la médecine et qui a permis à de nombreux médecins libanais de se spécialiser en psychiatrie. La deuxième partie de mon ouvrage est plus personnelle. J’y aborde ma conception des différentes maladies ou conditions, la schizophrénie, le handicap mental, les psychotropes, les drogues et l’alcool...
Quel est le message à transmettre à travers cet ouvrage?

Le message est double. Le passé de cette profession est remarquable avec des institutions de haut calibre, des médecins chevronnés et des prises en charge d’une grande qualité. Oublier cela c’est méconnaître la souffrance et, surtout, les réponses à la souffrance offertes à nos concitoyens. Le deuxième message est un message d’avenir puisqu’on sait désormais que 25% de toute population souffrent d’un trouble mental quelconque et que, par conséquent, se diriger vers des soins psychiatriques et psychologiques est devenu indispensable pour une meilleure qualité de vie.

A qui s’adresse votre livre?

Le livre s’adresse, d’abord, aux médecins et à tous les professionnels de la santé. Mais également à tous ceux qui s’intéressent à la psychiatrie et à son histoire au Liban. Les sociologues, les politiciens peuvent, à leur tour, trouver dans cet ouvrage une réponse à la souffrance des gens. Mon livre est à la fois scientifique et historique, comme le dit Alexandre Najjar dans sa préface. A mon sens, il décrit surtout l’homme comme tout ouvrage qui parle de l’amertume, des difficultés et de la douleur.

Propos recueillis par NADA JUREIDINI