Identités de papier
Certes, l’identité ne se réduit pas à ses papiers, mais elle débute peut-être par là. C’est du moins ce qu’enseigne le cas libanais. Et ce commencement doit être pris au sérieux. Née sur les papiers, l’identité libanaise constitue alors le paradigme de l’administration des appartenances, dont ce livre dévoile les mécanismes et la philosophie qui la sous-tend.
L’essai consiste en une analyse de la logique identitaire comprise comme ce qui dicte qui nous sommes, constituant par-là une formidable opération à la fois de distinction du semblable d’avec le semblable et d’assimilation de ce qui est différent. Mais muette sur ce que nous sommes, la logique identitaire constitue un repli hors du sens. Et si les identités nous condamnaient alors à un usage du langage dépourvu de signification? S’appuyant sur la théorie des ensembles, l’ouvrage propose une théorie inédite de la logique identitaire, des appartenances qu’elle forge, des marques qu’elle appose sur les corps, des stratégies qu’elle actionne et des loyautés et adversités qu’elle engendre entre les êtres. À partir de ces principes, sont proposées des études historiques et anthropologiques sur l’identité au Liban, et apportés les éléments qui la constituent et la manifestent : principalement, la galerie unique qui regroupe pour la première fois et de façon exhaustive et commentée les papiers d’identité libanais depuis l’époque ottomane jusqu’à nos jours, ainsi qu’une série de portraits manifestant la pluralité des statuts administratifs actuels.
Wissam Lahham
Né en 1987, Wissam Lahham est docteur en études politiques et enseignant à l’Institut des Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il a publié une série d’ouvrages sur le Droit constitutionnel et l’Histoire de la pensée politique.
Guillaume de Vaulx d'Arcy
Guillaume de Vaulx d’Arcy est docteur agrégé de philosophie, chercheur à l’Institut Français du Proche Orient (Liban), et membre de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales. Sa thèse doctorale porte sur la paternité et le commentaire philosophiques des Epîtres des Frères en Pureté (Rasa’il Ikhwan al-Safa), somme savante de l’âge arabe classique dont il traduit plusieurs traités (Mathématique et philosophie, Le procès animal de la domination humaine), et à partir desquelles il repense l’histoire de la philosophie, de la zoologie ou encore des traités politiques des IXe–Xe siècles arabes. En parallèle, il conduit une réflexion sur des questions de plus actuelles, proposant ainsi une lecture philosophique de l’art syrien post 2011 dans La destructivité en œuvres. Essai sur l’art syrien contemporain.
Courriel : g.devaulx@ifporient.org